Mauvaises humeurs

J’ai vu soixante et dix saisons
Soixante et dix printemps
Aimé la nature la vraie
Celle que je connais au seuil de ma maison marine
Celle qui frôle la narine
Du dormeur du val
Qui fait chanter l’oiseau
Et sortir les poètes et leurs mots
Qui sont toujours si beaux même s’ils se répètent
Depuis la nuit des temps
Et qui je vous l’avoue me chatouillent les nerfs

J’ai vu soixante et dix automnes étés hivers
Les soldats sur ma terre qui aux marches de mort
Chantaient dans le printemps
Celui abominable des hommes et leurs guerres
Celui qui éructe ses cris sous les bombes
Et ses lots de misères
Cet l’oiseau qui se tait celui qui chasse les horreurs sous des sommeils de rêves
Qui ne parle jamais des fleurs de mes sommeils
Celui qui crée ailleurs et même dans mon temps
Mes tristesses d’humains qui détruisent le vent

J’ai vu passer le temps
J’ai connu cet enfant
Qui sous les fureurs des tyrans se sauvait et celui
Qui en plein mois de juin
Ce mois encore à la fin du printemps
Est parti dans un train
( Vous étiez des milliers vous étiez vingt et cent )
Tué par les tyrans
Comment dire le printemps des peuples de l’afrique
Alors qu’ils vont mourir sous les tirs des avions
Et les morts du Japon
Allons mes frères allons cessez de nous faire croire
Qu’il suffit d’une saison pour se voir aux miroirs

Je ne saurai jamais comment on peut louer
Dans l’égoïstement cette belle saison
Qui s’éveille au seuil de ma maison
Qui m'a dit de chanter alors qu’il faut pleurer
Certains peuples qui accrochent leurs espoirs
Aux nuages atomiques
Non je ne chanterai pas
Je resterai muet j’irai du haut de mon vieil escalier
Regarder en silence les brillances de la mer
Qui quoiqu’on dise et qu’on porte
Restera la plus forte

voilà ça c'est dite et magnifiquement dit...
un combat/poésie qui nous touche au plus profond et que l'on ne peut que cautionner...

merci de parler si bien en notre nom...

les poètes se répètent, les vagues d'océan aussi. La dune ne me contredira pas.
Préférons les mots poissons des poètes dans leurs délires à ceux poisons de l'incompréhension.

bAn

Changer les mots des poètes d'autres l'ont fait, et je pense à ce grand recueil des poètes ( la Résistance et ses Poètes ) publié par SEGHERS qui a regroupé sur 650 pages des poètes connus et d'autres " passagers" qui devant les mondes où ils vivaient ont su dire les mots autrement. J'ose aussi penser à ceux qui privés de moyens d'écriture ont du fond de leurs camps appris leurs poèmes par coeur pour les dire à leur retour... Je ne peux parler des poissons de la mer du Japon ou des nourritures terrestres même si nous entrons dans le printemps toujours de la même façon... mais peut-être je parle d'un temps caché dans les non-dits... Pardon, mais je crois que le rôle du Poète est aussi de parler et dire autrement, c'est son destin d'autres plus grands que moi en sont morts pour oser dire la vérité. C'est ce que je recherche tout en gardant mon souci et mon attention à ceux qui écrivent si bien ce qu'ils ont à dire..
Discussion.. Le rôle du Poète dans la société et face au mal des hommes ? Mais est-ce bien aussi le rôle du Forum ?
Par ailleurs merci de vos coms.

Les souffrances et les injustices, hélas bien trop nombreuses, qui sévissent depuis toujours en ce monde jamais n´empêcheront d´aimer et de louer les ineffables grandeurs de la création.
Ainsi nous l´ont prouvé de grands maîtres tels Victor Hugo. Votre poeme exprime le beau et le vrai, merci pour cette lecture.