Amajyp
Nombre de messages : 198 Age : 56 Date d'inscription : 04/04/2009
| Sujet: Je dépéris Ven 18 Fév - 18:47 | |
| Je dépéris au fond de ce hangar, Loin des feux de la rampe Et loin de vos regards.
Je suis lesté de pommes de terre ou de ciment ou de colis. Quelle triste vie, quelle misère. Moi qui me sais pourtant joli. Je suis stocké dans la poussière, parmi les rats et les souris. Je suis stocké hors la lumière, moi que le soleil embellit.
Né dans la forêt, au printemps, A la lueur du point du jour, Je grandissais, le teint éclatant Et le regard de velours. L’homme et sa machine Sont venus me toucher, Me caresser l’épine Avant de me coucher. Je croyais en leur tendresse. Je découvrais un nouveau sens A ma vie ; croyais en leurs caresses. Je ressentais une émotion intense.
Je dépéris au fond de ce hangar, Loin des feux de la rampe Et loin de vos regards.
Dispersé à la scierie, Je croyais revivre mille fois. En étagère d’épicerie, En meuble de salon, En petit banc de bois, Je prendrai du galon. Je me voyais en parquet de bal, En chambre d’enfant, En pièce lustrée de malle, En cheval basculant. Mais je n’ai pas le choix Et ce destin sombre m’échoit.
J’aurai pu être une palette, De couleurs, dans ma forêt, en automne. Je me suis cru vénéré, choisi, Mais ici, je moisis. Je suis quelques morceaux de cette palette Qui supporte des tonnes. Un jour viendra la chaleur D’un tendre et doux foyer. Je retrouverai une lueur Au beau milieu d’une cheminée.
Je dépéris au fond de ce hangar, Loin des feux de la rampe Et loin de vos regards. Là est mon avenir Si l’on ne me découvre pas. Rendez-moi le sourire. S’il vous plaît, sortez-moi de là. | |
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Elfée Admin
Nombre de messages : 1612 Age : 61 Date d'inscription : 29/08/2007
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Invité Invité
| Sujet: Je dépéris Ven 18 Fév - 19:39 | |
| je ne suis papa le papa de pinokio mais je verrai bien un sculpteur faire un bonhomme qui ne mentirait pas pour ne pas avoir un grand nez. J'ai lu ce poème avec doute au début puis avec beaucoup de plaisir tant il est complet dans son déroulement autant que dans ces images d'écriture qui au fond me laissent un sourire complice... mais même voué à la mort ce morceau vit encore et j'y penserai en faisant mon feu dans la cheminée. |
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Invité Invité
| Sujet: Je suis touchée. Ven 18 Fév - 20:11 | |
| Ton poème me touche et me fait penser à celui d'un ami poète disparu juste avant l'été dernier et dont je te traduis le dernier quatrain car il écrivait en occitan : " O mon vieil ormeau, quand tes bûches Ne seront plus, qu'un peu de charbon Je tomberai toutes mes larmes Dans les cendres de mon foyer."
"O moun biel ourmé, quan tas buscos Seran pus, qu'un paou dé carbou Tounbarey toutos mas grumillos Din las cendrès dé poun cantou."
Monsieur Daniel Pourtet. ( Jasmin d'argent 1985 de la ville d'Agen.) Si la totalité du poème t'intéresse je me ferais un plaisir de te l'écrire... Bien sympathiquement.
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Amajyp
Nombre de messages : 198 Age : 56 Date d'inscription : 04/04/2009
| Sujet: Re: Je dépéris Ven 18 Fév - 21:20 | |
| Merci à tous les 3 pour vos commentaires. Nos for^^ets se dépeuplent trop souvent inutilement. Sans être donneur de leçon puisqu'il m'arrive de gaspiller aussi, je parle de notre nature pour ne pas oublier que nous sommes là grâce à elles. J'emploie ici un ton léger pour entamer le dialogue. Je sais que vous partagez, dans l'ensemble, mon point de vue.
Je serai ravi de lire la suite du poème de ton ami, Annie.
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Invité Invité
| Sujet: Je reviendrai écrire le poème de Daniel Pourtet! Sam 19 Fév - 7:58 | |
| Oui je prendrai le temps dès que possible pour écrire le poème de Monsieur Pourtet en entier. Bien amicalement. |
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Invité Invité
| Sujet: Le vieil ormeau. Dim 20 Fév - 17:41 | |
| Comme promis, le poème traduit de l'occitan de Monsieur Daniel Pourtet: "Le vent d'autan, la nuit passée Qui soufflait comme un grand fou A arraché, quand l'aube pointait Le vieil ormeau du bout du pré
C'était l'aîné de la contrée Il était né au temps des rois Il a vu sa vie s'achever Tout à la fin de cette nuit
Au printemps, la pie chantait Dans ses branches elle faisait son nid Avec quelques brindilles qu'elle collait Avec la boue du bord du ruisseau
L'été, quand le soleil chauffait Les vaches dormaient au-dessous Et quand la pluie arrivait Il leur parait l'averse
A l'automne, quand il s'effeuillait Il faisait un tapis tout doré Et le matin, quand il gelait blanc Il devenait comme argenté
L'hiver, ses branches caverneuses Abritaient les écureuils Ils y grignotaient les noisettes Et les graines de tournesol
Aujourd'hui, il fait chanter la scie La hache, et le marteau C'est la grande cheminée Qui lui servira de tombeau
O mon vieil ormeau, quand tes bûches Ne seront plus, qu'un peu de charbon Je tomberai toutes mes larmes Dans les cendres de mon foyer." Daniel Pourtet
Evidemment la musique du texte est plus belle en occitan! Amicalement.
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Amajyp
Nombre de messages : 198 Age : 56 Date d'inscription : 04/04/2009
| Sujet: Re: Je dépéris Lun 21 Fév - 19:50 | |
| Bonsoir Annie et merci pour ce poème. Après l'avoir lu, je suis honoré que le mien t'est fait penser à celui de ton ami. Si, en plus, tu penses que la traduction est 'en-dessous' de la version originale, alors mes chevilles enflent.
J'aime particulièrement
...Et quand la pluie arrivait Il leur parait l'averse...
C'est bien de faire partager des textes de poètes disparus ou méconnus.
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