Opium
Aux ténèbres, je célèbre l'opium
Laudanum sacré de l'Asie,
Qui dispense
La caresse pour nectar,
Une harmonie d'ambroisie.
Dans l'encéphale, sa fumée tangue
Et gomme une part de l'homme.
J'observe ce fantôme extasié;
Je courtise ses voiles intangibles
Et je cède aux accords augurant ses ivresses.
J'erre dans les pagodes odorantes de jasmins
Où se consument l'encens des ancêtres.
Une jonque m'attend, son regard dans l'onde
D'eaux irisées d'un ponton de Taiwan
L'amiral est pirate et la barre incertaine;
Je n'ai nul aveu de ses rides jaunies
Par les reflets solaires du Tan-Shui
Mais, sur sa natte, voici qu'il tend
Le bol où se noie un thé précieux.
Étendu, le sampan dérivant en cadence,
La nef de bambou s'évade sur le fleuve,
Balayant des horizons de rizières.
Ce soir, au chant de l'opium,
Aux clapots du courant sur l'étrave vernie,
Je m'exécute aux rituelles révérences,
Aux âmes taciturnes des colosses de pierre.
Qu'ils m'accordent la sérénité et fassent que soit moins âpre
Le mépris de la vie à mon âme de rêveur.
Août 2011