Ce silence étourdissant de l’intimité des autres
Comme un livre ouvert
Sur le désespoir de la mort
Ou ce nuage noir de pluies
Qui se forme sur l’horizon
Quand le ciel de la mer rencontre ses apôtres
Je suis
Et reste dans l’insoumis tranquille
Assis sur cette ville
Comme dans le corps d’une femme qui marche sac au dos
Dos au monde
Et cherche dans l’immonde des hommes
A fuir cette guerre qui tue
Cet anoblissant silence de la pauvreté des autres
Me tue
Comme l’éclair inattendu qui sort brute
Du nuage entre le ciel et l’eau
Comme noyant mon âme
Je ne te reçois plus et pourtant
Tant je pense à toi que la lumière aveuglante de l’air
M’aveugle comme cette femme qui arpente les sentes
De sa montagne
Pour oublier ce fils mort dans cette guerre qui tue
Cette immobilité étourdissante de l’intimité des autres
Me suspend dans le vent des airs inconnus
Cette chanson sans paroles
Que je te chante têtu
Sans savoir si ni comment tu l’entends
Tant pourtant je ne sais où elles plantent
Ses dents morsures qui suintent
Et ne disparaissent jamais
La cicatrice de cette guerre qui tue
Je te saisis au lointain
Comme cette embellie qui vient soudain
Après le nuage d’orage passé
Se forme entre le ciel et l’eau toujours au même endroit
Comme toi cette femme qui enfin naît
Et marche vers moi
Du moins est-ce ce que je crois
Cette mouvance étourdissante du désir
De toi
Qui ne diminue pas
Comme cette guerre qui s’embrase
Tue la mort et cette femme qui se dévore
Dans son attente qui ne finira pas*
*Lecture du livre de Grossmann " Une femme fuyant l'annonce"