Cette lune d’hiver posée
Comme un œil grand ouvert
Sur l’horizon
Regarde
L’ombre basse baignée dans la mer
Cette lune d’hiver parfois saignante ouverte
Parcourue de soleils et d’un trait noir
De nuit diables démons sorcières
Autour
Dansent dans l’œil un chien andalou
Le loup et moi debout sur le bord de la mer
Je regarde épouvanté cette lune d’hiver
Posée immobile aux changements de couleurs
De jaune devenue bleue puis verte et mélangée
Puis elle pleure dans la mer un voilier dessiné
Passe dans son œil blanc découpé en ombres chinoises
J’aimerais que tu voies ça
Ce grand chambardement
Puis cette immense larme qui fend
la splendeur de l'ornière
Trace la cicatrice du cœur depuis le cerveau jusqu’au centre
Cette énormité malfaisante
J’aimerais que tu chantes encore
Cette largesse donnée comme tes mots envolés
Ombres de mes oiseaux-folies pétrifiés
Qui dessinent sur le rouge pénétré de l’œil
Une autre luminosité
Qui me fait penser à l’intimité de toi
Caressée dans la chaleur d’un été
Ensemble écroulés sur le vent
Mesurés à nos talents
Vite vite trop tard
L’œil sanguinolent s’est enfoncé soudain dans la mer
Tu es revenue trop tard
Mais nous nous sommes retrouvés
En te regardant j’ai regardé ton œil
Posé sur mon œil voilé
Dans cette brume d’hiver sur le bord de la mer
Elle m’a dit
Viens on va se reconnaître encore avant de nous aimer