Принцесса veut dire « princesse », en russe, et je préfère le laisser en russe, ce petit nom, et je préfère le laisser en cyrillique aussi car, déjà, c’est la langue, et que je n’ai pas envie de la massacrer avec une traduction phonétique mais pour en goûter la prononciation, vous pouvez vous rendre sur le site reverso.
Nuageuses, les confitures du cédrat,
de la lime,
peignées du cotinga, peintre et barde,
dans l’aurore qui encre son roman
au vélin de ta joue, Принцесса
Toi, tu es treilles, de blanchailles vif-argent,
littoral de passiflores invitant le loup
à s’endormir dans un nid d’écorces,
toit de chaumes vannés des muscats,
et draps de tilleuls où infuse, farouche,
un encens d’acacia, pollen de trèfle rouge.
Toi, tu bruisses, nages, tu es clair de roche,
et pierre de lune,
fleur de la constellation du baiser ;
mère comme l’épi porte le grain,
amante, bolées de cidres chauds,
amie, sœur de la sage écume,
femme telle une branche de jasmin ;
et l’amour, ma fontaine et mon eau.
En l’heure, le ciel s’ouvre : il mauve,
il turquoise,
il menthe et amande,
hommage la mer éclose en ta prunelle,
et trotte le gecko à la farce de l’hirondelle,
fripon de malices et fifre de l’espiègle,
pour déjeuner des premiers fruits de ton rire,
ton rire d’épinette, de gobie sautillant,
petit funambule aux feuillus des mangroves.
Ta silhouette de guitare, ton poumon cruchon d’or,
ton sein, bonbon de griottes, ton pied de plume,
ta main pareille à l’étoile qui va flânant, pèlerine,
l’animée, diaprée cape du corail,
prennent leur ampleur d’univers et de flores
dans la mélodie du matin, délicieuse de tes sucs.
L’arbre solaire, la kermesse des passereaux, Принцесса,
et le manguier, la coco fêtent l’embrasure de ta lèvre.
Tu avales le monde, et le souffles, le fleuris de ton haleine, ô ma belle,
et lui intimes l’ocre, la chair sucrée, le beurre, et ses vermeils.