Sur la mort, le mal, la peine, le chagrin,
il faut danser,
et chanter fort, plus fort encore,
à en inviter le loup et la coracine,
l’hirondelle et le téju ;
il faut faire honte à la blessure,
accompagner l’âme qui rejoint le vent,
et mettre le pleur bien en face du rire.
Le deuil, il faut le vivre, intensément,
ainsi qu’il a un nom et un visage,
et la douleur est une fleur, ainsi que la rose,
la jonquille, l’alpinia, l’orchidée,
maladie est une intruse, certes,
dont il faut accepter la présence à sa table,
et à chaque tristesse, son pendant de joie.
Pourquoi donc laisser,
seul,
victorieuses les ténèbres ?
Un miroir existe-t-il sans un reflet ?
Grand-mère, ma bouche baisa ton front
lors que ton petit feu venait de s’éteindre,
et pour autant, de toi,
je ne connais ni givre ni froid :
tu demeures en moi écaillant le poisson,
avec tes flans aux œufs
et ton cœur de walkyrie aimante
vendant la pêche à la criée.
Je porte, en moi, ainsi que chacun,
tant d’affres, et de peurs, de cadavres,
mais j’apprends la langue de l’autre,
ses façons dans le jour,
lui partage ma tendresse pour l’aurore,
et c’est sans honte que j’avoue ne rien savoir de la raison,
du tort,
du bien et du mal,
et l’esprit,
le cœur m’en garde
d’en connaître un jour quoique ce soit ;
il n’est jamais ni sage ni fou :
seulement des braisières qui flânent,
cueillent,
sur des berges et des chemins
Si mon bras est semé de cicatrices,
ma main est ouverte, toujours,
pour le faire et le donner.
Si mon œil pleut le sel,
encore,
l’odonate habite aussi mes lèvres.
Tes yeux, le vent dans tes veines, ma passiflore, et le gecko,
le manioc que l’on pile, le poisson qu’on boucane, et le thé,
et ma vie arrivera à sa fin, simplement, comme il se doit d’être :
J’aurais eu de l’enfer comme j’en aurais épousé de la lumière.