Cromagnon et moi

Il ne savait pas
Moi pas davantage devenu lui je ne savais rien
Sauf m’éveillant le matin
J’ai soudain compris
La neige ne tombait plus ni la pluie
Ni vent pas plus d’orages et de nuées
Je prenais conscience d’une pensée que je ne m’expliquais pas
Mais qui me paraissait évidente
L’écho encore parfois des vagues
Mais plus souvent silencieuse la mer ne bougeait plus
Le froid m’a semblé disparu

Il ne savait pas l’histoire incroyable
De faire un enfant
L’homme de Cromagnon
Sauvage

Moi peut-être en avance sur le temps
Sans chercher comment ni pourquoi
J’ai supposé que j’étais responsable
De la grosseur du ventre de cette femme et de l’autre
Et de toutes celles avec qui je m’étais accouplé
J’ai soudain compris
Que mon phallus devait donner une semence
Mais comme l’appeler
Comment dire que dans la grotte au milieu des chaleurs du ventre
Se promenait une de mes bêtes pour féconder l’œuf

Il ne connaissait rien de cette histoire
L’homme de Cromagnon
Sauf quand une femme a dit de se mettre contre elle
Ventre à ventre
Elle lui donnait les mots et lui rien
Il fallait apprendre

A partir de là
Tout devint différent
Il a su qu’il devenait un père mais aussi un homme

C’est curieux si on y pense bien
Le temps qu’il a fallut pour arriver à ça
Le dire aux autres sans risquer de se faire détruire
Le dire aussi à la femme
N’en n’avoir qu’une avec l’enfant dans ses bras
Ou les siens ensuite les miens
Après je suis mort je ne sais pas si cette sensation s’est fortifiée
Peut-être certains de mes semblables
Ne le savent pas encore

Un très beau poème qui nous fait voyager dans le temps, les premiers hommes gardent encore bien des secrets !
Amicalement
Bonne journée^_^

Delvaux,

Passionné d'archéologie, merci d'évoquer une époque de survie qui nous a amené jusqu'à aujourd'hui pour du bien et pour du pire. Une époque ou nombres de découvertes et révélations déterminèrent et modifièrent notamment notre façon d'être.

H.S.