Par ci, par là

Par ici, un « je veux être »,
et plus grand que sa taille,
bien plus lourd que son poids,
qui en méprise de la sœur et du frère,
et qui en mangerait pour qu’on le regarde,
avoir son fauteuil dans un salon,
sa breloque de nougatine ou de chocolat,
la porter fiérot, idiot, bout de bétail béatifié,
au revers de son veston.

Par là, un « j’aurais fait »,
la bouche pleine de hurlements inutiles,
stériles,
qui ne modèlent pas une seule poignée d’argile,
pleine de paroles maquillées de crayons,
fards à paupières, de mascaras,
avec de belles, grandes pensées à poser sur la table,
entre les olives et les noix de cajou,
qui toujours garde les mains logées
dans le fond de ses poches.

Là encore, un « on m’a dit que »,
qui raconte l’anecdote,
le journal,
fait la chronique de l’absent,
comme s’il avait des lunes entières
foulé la terre
avec ses mocassins,
le plus souvent allergique aux louanges
mais bien prompt,
volontaire pour à grandes eaux déverser de la bile,
et du fiel,
jusqu’à en salir l’air devant un auditoire conquis.

Moi, bien orgueilleux, bien prétentieux, moi,
je suis seulement moi :

J’aime la belle chanteuse
aux yeux de persans bleus,
magicienne et prêtresse de la pluie.

La petite fille caramel qui fait pousser la menthe,
et le petit prince russe,
haut comme une plume de tourterelle,
qui sait tout des tendresses,
câlin,
et tel un pain au sucre.

La princesse agile,
farouche comme l’est le feu,
et qui parle à la lune, au chat, à la mésange,
qui danse, danse,
pareil à un flambeau chevauchant les grands vents.

Et bien moindrement, certes, j’aime Pablo, Verlaine, Damas,
l’origan et la mangue, le passereau, le fleuve, le poisson mariné.

Et si j’ai vu du sang, et de la chair ouverte,
je ne chanterai pas la mort en respect de la plaie.

Alors je ne suis rien, et ne veux pas en être,
de vos familles,
de vos mouvements,
que le drapeau soit noir, que le drapeau soit blanc.

Je sais ce que je sais,
et j’apprends jour à jour, à mon seul pas léger,
la silhouette du temps, les couleur de l’amour,
la mer et le citron pressé.

Ce texte est de ceux que j'apprécie sans que je n'en puisse réellement dire le pourquoi.
Peut-être parce qu'il n'appelle pas le mot et qu'il pince seulement les cordes d'une harpe intérieure.
Pour la forme, je n'aurais pas découpé les "vers" ainsi mais je bois le tout dans sa globalité.

Merci de ton passage, Pascal, et de ta critique, je suis plus qu'ouvert à la vision de l'autre sur mes petits vers comme ce qui concerne le découpage des vers, la forme. Je n'en tiens pas compte d'un iota dans ma façon de composer - j'écris comme j'écris et ce que je suis - bien entendu, mais j'aime beaucoup le partage d'impressions, de visions, de vues artistiques si l'on peut dire.

On me parle beaucoup de ce poème, et j'en suis assez étonné. Qu'il ressorte, déjà, tout autant que des avis, vues, opinions de l'un ou de l'autre au regard de ces mots, et qui sont intéressantes, toutes, de ce que l'on m'a partagé.

Je l'ai posé sur un "arbre à poèmes", tout simplement, comme cela se fait en différents lieux ou endroits (là, il s'agît d'une bibliothèque municipale) et lors, on est venu m'en parler, et dans un grand naturel, sans respect outrancier ( et encore heureux ) ou rejet, non, simplement naturellement, sur tel ou tel vers, telle idée, telle interprétation qui en a été faîte, c'est enrichissant.

Amicalement.

Pluie,

Un texte au ton un peu plus grave qu'à l'accoutumée et à travers lequel je ressens de la souffrance...

Merci pour cette poésie

H.S.