Combien de temps me portera-t-il encore
Ce corps
Universelle femme combien de temps
Porteras-tu sur moi ton regard
Comme l’oiseau posé sur le toit
Qui s’envole dès que je bouge
Dans la moiteur de l’air d’été
Combien de jours et de nuits
Contre moi lové
Tel le serpent qui attend sa proie
Resteras-tu immobile surveillant mes gestes
Comme celui qui fixe l’oiseau posé sur le toit
Avant de se précipiter sur lui et de l’avaler comme tu m’avales parfois dans ton sommeil
Combien de soirées passées sous l’ombre cachée
De la lune
Sous l’arbre poussé au milieu de nulle part
Resteras-tu assis dans ce fauteuil
En soupesant la ride de mon âme ou celle qui traverse la flamme
De mon ventre sous la peau
Qui commence à se décomposer
Sans que tu n’oses dire un mot
Et pavoiser
Comme tu te sens aussi décrépi
Au début nous n’avions que soleils que roulements de grognements
Poussés l’un contre l’autre indéfiniment
Et recommencements d’amours sans satiétés
Aux étoiles aux lunes poivrées aux phares des îles
Inventées comme aux cloches nocturnes
Des ressacs recommencés
Jusqu’à l’abus de soifs bouches contre seins bouches contre ventres
Bouches ivres-salées et quoi encore
Ne plus savoir
Combien de temps
Tant pis le plus longtemps possible
Jusqu’à la mort si lointaine
Que je t’ai jetée dans une vague
Et que tu es ressortie plus jeune que moi
Plus jeune qu’avant pour recommencer
Avant de continuer
On a cent ans
Dis-moi comment ça va
Je sais