Sur l’hiver de la fleur de sang,
rien ne pousse
si ce n’est d’autres fleurs de sang :
pistils de colère,
pétales de vengeance,
la patrie des pollens de la honte et du pire.
Dame justice, la belle, la noble, l’altesse,
depuis lustres et décades
a tombé le bandeau en faussant sa balance
et le glaive s’émousse ou s’aiguise
selon le nom et la gésine.
En vérité,
et à l’un comme à la foule,
je le clame :
la vérité est qu’il n’y a pas de vérité.
On naît ce que l’on naît,
on a ce que l’on a ;
tout reste affaire de tables qui tournent
et au mérite, à la bonté, le bien, le don, l’amour,
le tendre et l’innocent,
il n’est rien de meilleur qui soit dû ou à offrir
plutôt qu’au meurtre,
l’abandon,
le mal et l’outil des plaies.
Ainsi la roue court,
pleure,
grain par grain,
le sable,
seulement…
Vivre ou mourir,
y-a-t-il plus simplet ou idiot
en ce monde si terrestre ?
Je ne porte pas le plasma du loup,
du téju,
du vivanneau ou du naja,
encore du merle,
du tangara,
point de lien frais,
pur,
avec le cœur du vivant,
je ne suis pas racine du théier,
des capucines,
du bananier ;
je ne fais guère que marcher,
marcher,
mauvais itinérant,
et sans semis brasser,
l’utopiste îlien…attendant,
avec patience,
le dernier lac,
la dernière cruche
pour ma première herbe de lait.