A Jade,
la secrète et l’espiègle,
Noa, ver de terre envoûtant
que rien ne fait plier,
Tatiana, aux mots métaux précieux
qu’elle affine doucement,
Theo, bel inuit en exil,
Andrea, qui apprend bien trop vite
mais ainsi est l’esprit,
A Louna, la chanteuse électrique
qui a maudit la chaise.
A Logan, aventurier de trois pommes
qui me conte ses légendes,
Alycia, qui fait dire à la foule
que je fus bien ingrat d’aller aux cigarettes
pour ne plus revenir.
A Inès, ma danseuse des pots de bois,
cabri en solstices,
qui façonne le vent en mélodies marines.
Alexi, petit prince des poèmes
aux pantomimes de soies,
et peintre magicien qui m’offre les pastels
comme on offre un baiser.
A la petite fille,
qui est femme maintenant,
et qui porte fièrement,
le décolleté ouvert,
sa cicatrice de vie.
A celle qui murmure aux menthes
de grandir, et grandir,
soleil au parmi des chevaux,
qui fait de tous les arbres
poupées de porcelaines.
A Mathys, mon chasseur de geckos,
et bouilleur de sourires alors que je lui ouvre
le livre de Yemaya la Mère.
A toi, où que tu sois, ma jolie passiflore,
tout simplement car scintille l’étoile,
que chantonne la pluie,
et qu’embaume le thé au grand de ses arômes,
que poussent les tilleuls, la fraise, et la goyave,
et que croissent les blés, marikrabe, et la lune,
tout simplement…
A Manon, et je ne sais plus pourquoi,
tant quatre jours par semaine,
je porte tes rires et tes moues en colliers.
A la poule et à l’œuf, à la pierre fine,
à la mangue et au poivre,
au fleuve et ses bras qui m’enlacent,
au kaseko, aux chants tsiganes, et au piano.
Et ce poème est pauvre, que le monde m’excuse,
car j’ai la voix petite,
une voix de petit homme,
pour dire en mots l’amour
dont vos souffles me fleurissent.