Imaginons la terre que la terre soit carrée
Ainsi que le soleil, les planètes à l’entour.
Que tout soit à rebrousse-poil,
A revers et verso,
Que tout soit le contraire.
Le ciel sous nos pieds répondrait à la mer,
Perfection harmonieuse que nous respecterions.
Peut-être.
Tout l’espace accessible limité aux vagues,
Tout le jour sidéral ponctuait de poisson,
Plus de diffusion étirable,
Mais que de théories foutues.
Imaginons la terre que la terre soit carrée,
Ainsi que le soleil et les planètes autour.
Que tout soit contre-pied,
Nous foulerions les corps célestes
En s’altérant dans l’immensité.
Imaginons la terre que la terre soit carrée,
Ça filerait droit,
Mais cela file déjà.
Ça ne tournerait pas rond,
C’est ce que ce temps fait.
Imaginons que la terre sera carrée,
Thèse, antithèse et malaise
Sous nos pieds, le soleil,
Thèse, antithèse et fournaise,
A l’extravagance du ciel s’ajouteraient les paradoxes des hommes.
Imaginez la terre que la terre soit carrée,
Ainsi que chaque planète et leurs alentours,
C’est l’impasse, une divergence logique,
Une contrariété et une autre aporie.
Imaginez la terre que la terre soit carrée,
Ainsi que des kilomètres à la ronde.
On voyait de la lune toute la muraille de Chine,
Nous la verrions d’ici.
Ce sera l’Acropole comme un plafond de tombe
Et dans un ordre décalé les cubistes tristes
Réfléchissant d’un trait.
Imaginons la terre que la terre est carrée
Et que tout est contraire,
La pluie choit des mers,
Le ciel se la garde
Et nous dans l’eau calme verrions nos reflets
Si nous haussons la tête
Et quelques illusions.
Des paréidolies à foison, en série.
Que tout soit opposé,
Sans dessus-dessous,
Nous tendîmes les mains pour cueillir les fruits,
Nous les dresserons encore.
Imaginons enfin la terre que la terre soit carrée,
Ainsi que le soleil, les planètes à l’entour,
Ça ne changerait rien,
Que tout soit de travers,
Car, déjà, cela l’est.