Nous pourrions dire une pépinière
Sur une avancée de mer, une épine de
rochers,
Et elle, drains d’eaux sombres aux
ramas clairs,
Précise à plier étrangement le sable,
Non pas dans la façon, mais dans une
sorte de particularité,
Nous pourrions dire, c’est une
pépinière
De la pointe des Amandiers.
La chaleur alourdissait de ses nerfs
Malgré la fréquence des averses
fraîches.
Ces soupçons d’air sont des
crispations sous ces latitudes,
Les frissons étaient peut-être des
trésors.
Tout près, la misère posait
qu’éclairait le soleil, il suppurait,
Sous les pluies en ondées-seconde, en
averses-minute,
Les choses ruisselaient, les êtres,
les pierres, flore comme faune,
Tous ensemble en une goutte concentrée
Gonflant les estuaires démesurés
d’oxyde de cuivre.
Ils évacuaient. Quel moût dans ces
courants et quelle complète vie !
Les éléments l’imposaient en
simplicité.
Sur cette pointe prise dans les
fleurs,
Enveloppée dans les odeurs,
Luisante sur les eaux sous les étages
suffocants,
Cette humilité voulue. Et être,
Etre avec ce qui est.
Au loin les lumières, ces choses
solubles,
Illustraient à défaut de mieux
Les épures séculaires.
Aux images des grains, ces exercices
naturels que le regard creuse,
Effiloche, tente, dénigre, c’est
selon,
Ces tentures tropicales, lassantes
comme son contraire,
Désaltérantes, mais continues,
Dans ces évidures, les yeux
cherchaient,
Mais la solitude noyait dans une sorte
de quiétude
Ou plutôt d’engourdissement indolore.
A ce que l’on croyait.
Pris à cette draperie et l’expression
des ans,
L’avant déroute. Remémorée, infligée
et subie,
Parfois comme asservie, une persuasion
aux murs des ans,
En suspend sous les pansements
adéquats.
Cette construction bringuebalante au
bel aspect sera ruine, sape,
Mérule de cervelet, finitude
fatigante,
Dans ces radées, il y avait toujours
l’instant d’un jour d’après.
Perle d’excès, vie comme mort ;
la pluie éternelle
En anecdote de sons, insistance,
supplice et besoin.
La pluie éternelle, ses échos sous nos
pas,
Sa démultiplication humaine,
La pluie éternelle sur et sous les
humains,
Sur et sous nos ivresses, sur et sous
nos tristesses,
A côté de nos joies comme les
mélancolies.
Les pluies éternelles, odorantes et
tranchantes,
Aux moules semblables et une fin
recopiée,
Elle, insinuée et inconnue parfois.
Puis il y a cet apaisement qu’astique
la déraison,
Elle pelote sans un mot, elle n’a pas
de silhouette,
Pas une empreinte sous ses chaussures
de fer rougis,
C’est une abstraction sous la pluie
éternelle,
Dite, racontée, répétée, voulue,
Une peur comme une écharpe imposée,
Une violation du chaud, une pluie qui
narre
Puisqu’elle est humaine.
Pluie livrée à la constance des bruits
Et dessous, nous,
Au courage en goutte.
C’est la pointe des amandiers où
volent les requins,
Où plonge le soleil, compagnon
assassin,
Les rochers animés où flottent des
vagues imaginaires,
Des animaux de laiton étiré,
Des rouleaux apprêtés,
Les pluies sur les amandes et les
pièces désertes
A ces tambours des tôles en écailles
oxydées,
Les pluies enfin et vos visages.
Aux bruits des ondées, le réveil,
La pluie parle, ces mots sont les
échos des gens,
Des ensembles supportés,
Elle a les chants du sud et les
hanches du nord.
Les arbres se torchent en un courant
Et sur l’eau la glaise qui mêle
Et érige ce que nous sommes.
Les pluies passent et troublent.
Où en étions-nous ?
En étions-nous aux salves des rangées
perdues,
Aux chagrins en chiens et
laisses ?
Ils poussent et traînent.
Les écorches des pluies rompent chaque
marche
Et
je pensais qu’il était là
Sous la tombe fleurie.