Alors mes chairs pourries êtes-vous de nos morts à jamais rassasiées
silencieuses cachées
dans mes sous-bois flétris aurez-vous encore assez de tricheries
pour voler au sommeil un morceau
de mes os blanchis.
Contre moi n'ayez pas d'espérances
je ne vous laisserai jamais en dévorances.
Est-ce moi qui pâli
dans vos antres puants vos démons
vils esclaves absorbent goulument
les restes de nos sangs caillés dans vos gamelles
je vous regarde jumelles
toutes en ressemblances ce matin votre danse
au sortir de vos lits
ressemblait à de grotesques horreurs
mouvements saccadés de nos peurs
sorcières et sorciers dévoreurs lamentables
je me suis mis à table pour mieux vous aspirer.
Contre moi n'ayez pas de confiances
je vous maudits dans votre dévorance.
Ravageuses sans lois méprisantes insatiables
vous poussez votre langue
dans l'immense désarroi
et l'oiseau en silence porte un reste de plumes
pour faire une mouvance dans un rayon de lune.
Mais des êtres debout jusqu'au bout de leurs cris
jusqu'au bout de leur souffle
une poète dit jusqu'au bout de ses mots*
le dernier cri
construisent des cathédrales et passent aux enfants
les forces qui vous détruisent.
Ne contez pas sur moi
je chante le printemps.
* Voir le poème d'Agnès Chène