Avec toi...

Avec toi …

Un beau soir de notre amour
où la nuit aura
l’intensité et la tendresse
de ton regard si chaud
laisse-moi te prendre par le cœur
et t’emmener
le temps d’un épousement de ton corps
vers les lieux enchanteurs
et mystérieux de mes vingt ans.
Échangeons nos regards.
Le tien s’emplira de mes souvenirs
le mien sera tout neuf et féminin
et nous découvrirons ensemble
la fascination
de l’Afrique profonde.
Nous sentirons
le doux et frais balancement des palmiers
dans la tiédeur délassante
d’une nuit intemporelle
près de Joal ou Palmarin
ou la caresse saline
des tanns immobiles
inondés de blancheur crue.

Et les génies bienfaisants
des Tropiques généreux
me transformeront pour toi
avant l’amour
en balancement câlin
en souffle léger
et caresses sans fin
sur ta peau nue
fraîche et douce comme une mangue mûre.
Nous mêlerons nos voix
au chant ancestral et prenant
du vieux piroguier usé
au visage parcheminé
qui traîne sa solitude d’Homme noir
un soir de demi-lune
dans Zinguinchor l’enchanteresse
et à la lancinante mélopée
plaintive et séculaire
du muezzin-marabout
une veille de Korité.
Alors, nos corps,
tels les entrelacements indémêlables
des mangroves et des palétuviers
vivront cette osmose de chair et de verdure
d’eau et de soleil
comme là-bas
dans l’inoubliable Casamance
gorgée de luxuriance végétale.
Et l’Eden de ton corps
effacera le souvenir enchanteur
de ce paradis de la nature.
En me penchant amoureusement
sur ta peau satinée
j’entendrai en toi
la respiration de la forêt
la palpitation de la savane
les symphonies de balafons et de coras
et nos cœurs
vivront au rythme
frénétique et magique du tam-tam
une nuit de mystère épais
quand le hurlement des hyènes
déchire le silence de l’Afrique éternelle.

O, mon Amour,
tu es si belle
belle comme un soleil couchant
sur l’océan à Kayar
alors que dans un souffle imperceptible
dodelinent indolemment les palmeraies de mes rêves.
Permets-moi de t’offrir
ces fleurs fragiles de flamboyants
et d’hibiscus
et de te murmurer ces noms de soleil
qui illuminent à jamais ma mémoire
Saint-Louis et sa lagune
Kaffrine et Yonoféré
Vélingara et Sénoba.
Nous envelopperons nos deux corps confondus
de la fraîcheur revigorante
des vertes Niayes
pour les préserver de l’Harmattan
glissant sur le Ferlo.
Nos lèvres assoiffées d’amour
se joindront aux suppliques païennes
pour qu’enfin tombe sur nous
ce déluge vivifiant
qu’enfante dans un vacarme attendu
un ciel tourmenté et zébré à l’envi
un ciel d’encre plus noir
que l’ébène du Soudan.

O, mon Amour,
c’est un rêve de Toi
le rêve intense
d’un soir de solitude.
Mais pour un jour
ou pour un siècle
prêtons-nous nos yeux
fondons nos rêves fous,
quittons les sentiers de ma mémoire
et marchons ensemble
vers nos souvenirs de demain.