Si de ma porte

Les semaines passées, une actualité déprimante
M’a fait reprendre ma plume rebelle.
Entre les infos qui dénoncent et celles qui démentent
Les révolutions, les séismes déciment en ribambelles.
Je me révolte et je m’insurge
Mais je ne peux que constater les dégâts.
Alors j’écris et j’envoie parce que ça urge.
Si toutes les mains du monde pouvaient s’donner l’éga…

Un humoriste avait critiqué un chanteur
Par ces mots, enfin à peu près, peut-être :
Je n’aurai pas l’audace de provoquer un dictateur
A moins de dix mille kilomètres…
A l’époque, j’étais d’accord avec ses paroles
Mais le temps, ce partenaire de toute une vie,
M’a fait revoir ce cas d’école
Et la conclusion qui s’en est suivie.

Si de ma porte je dénonçais les exactions, les peines
Dont j’avais connaissance, près de chez moi ou bien plus loin ;
Que ma voix porte jusqu’ à la porte prochaine
Et que mon voisin la porte jusqu’à son voisin, nouveau témoin.
De portes en portes, de voix en voies, d’artères en villes,
De pays membres en continents, mes phrases de maux,
Libres et sans censure, honnêtes, sincères, parfois futiles,
Parviendraient aux oreilles des responsables qui, par défaut,
Seraient contraints de faire un premier pas, certes fébrile…
Il n’en faudrait pas plus pour un monde plus beau.