Un coffret laqué d’auburn,
de muscat,
où pourraient aisément se coiffer la noctuelle,
l’abeille,
la pyrale ;
un coffret tenant dans ma main en conque avec,
par ses côtés,
d’inutiles petits pommeaux de cuivre
qui s’accordent à un fermoir doré,
un mince tiroir aussi,
pour une bague,
une gourmette,
un médaillon,
et rien de fioritures,
et rien de très malin,
hormis peut-être cette petite ballerine
qui à jamais travaille sa pointe sur « lettre à Elise »
en une agile toupie,
dès lors que doucement,
précieusement,
je soulève le dessus de la boîte.
C’est vieux une boîte à musique,
et c’est sublimement beau,
et ça n’existe plus,
et j’y songe en songeant à tout ce qui est mort déjà.
La jolie boîte à musique,
je pourrais la poser,
là,
sur la table de chevet,
et admirer la ballerine,
la danseuse étoile,
et je pourrais l’applaudir en clignant des yeux,
et cela me ferait du bien…
…mais je ne possède pas de boîte à musique,
et ni bague,
ni gourmette,
ni médaillon,
rien qui vaille que je m’en souvienne en somme.
Je ne possède que la musique d’un pierreux silence,
un peu violent,
ce soir,
et je viens de tâcher mes oreillers de larmes,
et Ludwig n’en a copieusement rien à foutre…