Je ne sais la douleur
de perdre un enfant,
ni la part d’univers,
le fragment de soleil
qui embrase le cœur,
l’âme, offre l’entièreté
de toutes sources
lorsque l’amante mère devient,
nouveau visage accompli,
autre perle, pétale, bijou, plume
de son abondante féminité
et qui offre, généreuse,
aux bras de l’homme compagnon,
lui, la croche, elle, l’annelet,
la flamme du vivant,
le devenir à dessiner.
Mais je me dis que l’un doit être
une apocalypse incarnée,
gigantesque hache
qui s’abat sur le monde
et fait le froid plus froid,
fige le gibet au désert,
un ragnarok où pleurent, continu, le soufre,
et la lame,
un poison qui n’en finit pas
d’être en semailles…et l’autre la pure,
philosophale,
gracieuse volupté d’une flore unique.
J’ai cueilli cette pensée,
ainsi qu’une framboise,
dans la brise aurorale…
Je ne sais pas très bien qui je suis,
une crème ou un flocon,
un étrange hérisson,
un ivrogne qui se saoule d’eau de mer,
un marin coulé dans le ciment.
Si je suis un rêveur adossé à un arbre,
une feuille buvant la pluie,
un plant de marikrabe qui peine à sortir,
une vague qui l’air file,
si je porte un tatouage, un pagne, un chapeau,
encore une écharpe, une miche de pain,
un drôle d’œil sous mes cheveux qui,
de nature, bouclent et bataillent.
Ni béni, ni maudit, certainement,
je prends depuis longtemps sur moi
de ne pas être celui que l’on choisit.
L’acoupa a le ventre rouge, et bon,
magnifique en l’eau châtaigne et brune,
succulent dans l’huile et l’oignon ;
la souris, la gaie mutine, porte grise la nuisette,
en jolies touches d’ouraline ;
l’aigle pomarin trône, si noble au ballet,
par les cimes des blés et des tilleuls ;
je ramasse des boîtes de conserves, vides,
et fais des châteaux dans l’estomac des poubelles.
Il est de la beauté qui foisonne,
immense en sa simple nudité,
et quelques amères vérités,
ainsi va la minute, le moment,
et l’énigme qui me hante
ne trouvera jamais de réponse.