Tard, c’est l’ombre qui ronronne
de tes chœurs de melons,
et je te vois nager
au lit des yeux du chat,
en l’écharpe de nocturne,
les bruants, anhingas de ta voix,
tu me moires, et scintilles,
petite bougie de crèmes, матрёшка,
ma pluie de grenadines,
entier me gardes à l’âtre où yaya est ruban,
filant traits de lumières
aux flots de feux d’armoises.
Et tôt, dans cette aurore qui naît,
tes semis de violettes,
arpèges d’allamandas et sitars de Cana,
tu pimentes, ma branche de poivrier,
le téju nommé ciel de tes yeux de lagunes,
ô la sève de l’eau et le chant des marées,
et ton geste est d’étoffes, mousselines et sisals,
ton baiser est de riz, pierre fine,
nacarat péridot où ta langue,
grage agile lovant les pomelos,
est turquoise, et filament soutenant
la grande constellation du cygne.
Midi, voilà l’aiguille, l’élevée,
où cime ton flambeau, ma chérie et choyée,
es-tu fille de la nuit ou enfant du levant ?
Es-tu sœur des écumes, l’égérie des ponants ?
Es-tu femme ou louve des safrans, Belle,
incarnée en la robe de la flambée demoiselle ?
Es-tu toi, mon amour, avec tes mille visages,
tour à tour jardinière, et fleuriste,
la brodeuse des encens, pâtissière, boulangère,
faiseuse de pains aux sucres, de pains de fièvres,
ma dame immense à la chevelure fruitière,
à la peau caramel moulue de la toundra des sables ?
Moi, je ne sais rien, j’ignore, prima donna,
mais je sais, et là ma vérité,
que le jour, l’heure, la nuit, de l’automne affolé
à la saison des pluies se sèment,
lierrent et grandissent dans le puits de tes bras.
notes:
матрёшка : russe, matriochka ou poupée russe.
L'anhinga est un oiseau, du genre suliforme.
Le yaya est un petit poisson, appelé parfois, selon l'espèce, "chardonneret d'eau" et que moi, j'appelle poisson-lampion car lors qu'il file, il fait comme de petites loupiots dans l'eau.
L'allamanda est une liane à grandes fleurs jaunes.
Le téju est un reptile, du genre varan, et le grage un petit serpent.
"lierrent" est un néologisme.