C’est quoi cet instant ?
Cette frivolité.
Ce distrait passage.
A la fois pesant.
A la fois gandin.
Un jour grisant
L’autre dandin.
Imperceptible.
Ethéré.
Aérien
C’est le vent aux pétales des coquelicots,
Si particulier qui flatte. Voluptueux.
Il porte le fumet de tous les fricots,
Des pommes et des dattes. Capiteux.
Aux houppiers, le fouet ferreux
Qui estropiait nos rêves heureux.
Mais nous passons souvent sur son flanc.
Et lui, donne beaucoup,
Des herbes frêles fait des musiques,
Des feuilles, des rumex, des cymbales.
Toutes flores classiques.
Le bal.
Instruments,
Les troncs, bronches, sifflent le vent,
Les branches, anches, pleurent l’instant.
Tout chante.
Aux creux des meules,
Le passé gueule.
C’est quoi cet instant ?
A ne plus rien voir.
Que d’éclairs zèbrent moins vite que les clartés d’ailleurs.
On nous donne des murs,
Nous voulions des jetées,
Nous voulions l’amure,
On nous donne à riveter.
Ah ! cogner contre les voyages,
Giflés par les escales,
Nous qui dessinions le faîtage
Tropical.
C’est quoi cet instant ?
Un cumul de pas posés, un défilé fiévreux.
Aux houaches si bien pourvues, à la bonne heure,
Le soleil aux fins des soirées régalait les humeurs,
Dans ces écumes y meurent aussi certains frissons.
C’est quoi cet instant ?
C’est une dune et des oyats,
Aux poivres le vent,
Aux sels que vous liâtes,
Je vous y attends.
C’est une plage de pertes de vues,
Le sable s’y exalte, est cinglant.
Tout est claque.
Puis l’accalmie vous fait sentir qu’il est temps de partir.
« Il » se lève,
Qu’y a-t-il derrière la pointe des amandiers aux roches noires ?
Aller voir ?
Il est tard ?
Son corps a les saccades du froid
Tellement il a capturé de chaleur.
Fébrile à cette heure,
L’écorce fraîche du crépuscule vous ceint.
C’est quoi, cet instant ?
Une densité colossale.
Un claquement du temps.
Lave y vibre.
La vie vibre.
Ou d’un mot laisse, nous, mous.
Derrière la pointe, la ville aux trottoirs sales et vides,
Les douleurs du monde y sont résumées.
La vie aussi.
Perpendiculaire.
En biais, en rond et en chimères.
Mais qu’elle n’est pas longue. La vie est un poison
Et d’antidotes en antidotes,
Nous la prolongeons aux mieux ou de la pire des façons.
C’est quoi cet instant ?
Retourner vers le sable.
S’empiffrer de soleil.
Mais le crabe désolant, qui vous prive de tout,
D’un coup de pince ampute.
Enduit de nuit, vernis de brume,
Hier sévit, tout nous lui dûmes.