Il n’a fallu qu’un temps
Un tout petit temps
Et l’oiseau frais
Du monde est né des mains de l’ange
Je voyage voyageur de l’étrange
Dans tous les pays des terres
Les femmes qui ne parlent pas ma langue
Sont les mêmes que celles qui parlent ma langue
Nues allongées étendues sur la mer
Elles se ressemblent peuvent devenir ma mère ma naissance
Mon amante comme celles qui furent
Ma mère ma louve mon amante
En habitant la possession de toutes les terres du monde
Elles deviennent mon monde
Je hais tous ceux qui ne comprennent rien
Et se vautrent dans les courants
De leurs fleuves asséchés
Déjà mille fois défrichés
Avec les mêmes mots sans chercher autrement
L’autre pierre
Il n’a fallu qu’un moment soudain sortant
Dans la sombre clarté de la nuit
Dans l’espace j’ai vu
Je ne dirai jamais quoi
Mais j’ai vu me voici content
Me voici autrement la joie enfin la joie
Le monde tombé du ventre de l’ange
S’est relevé en me tendant la main
Il dit tous les hommes se ressemblent
Je suis l’immense j’aime ceux qui ne parlent pas ma langue
Ils sont les identiques avec les mêmes membres
Les mêmes douleurs les mêmes consciences
Et le vent et la mer et le ciel
Le feu comme l’absence
Je hais ceux qui restent enfermés
Dans leurs prisons de mots
En se croyant en sécurité
Il n’a fallu que ce moment de liberté pour m’arrêter de lire
Pour m’arrêter d’écrire
Et tout est devenu clair et bien
Je me suis trouvé bien
De devenir un des hommes-femmes d’univers
Pareil et différent
Tout à la fois