Il est impassible, composé par des vies,
Son ombre est pétrifiée sur la jetée
Par les mains des fantômes.
Ils nous connaissent, nous les ignorons.
Il ne fait pas son âge que nous ne connaissons pas.
C’est un marin qui attend que la mer lui rende
Ce qu’elle lui doit.
La nuit a tiré le soleil, l’a poussé, l’a étouffé
Dans la narration de l’horizon.
Le spectacle est lourd de beauté.
Et lui, patient, le menton posé sur ses deux mains
Posées sur le dossier du banc à plat
Comme la tâche du bois posée sur la digue
Qu’autorise la lueur d’un début de lune.
Comme des éclats de soudure, le sable fait de vent abrase les yeux.
Le soleil a rendu l’âme d’un soir.
A la lune, on peut lire la nuit
Le vent se lève du mauvais pied.
Je l’ai déjà dit, mais différemment,
C’est une mélancolie de situation.
La brume en une fois plâtre tout.
Chaule tout.
Encroûte et paraffine.
Ici le soleil est une lune de jour
Et la lune est un soleil d’obscurité.
Ici les vagues sombres ont des accents de ciel.
Ici le ciel a des marées éruptives.
Donc, ces nuits frappent les visages d’étrangetés,
De reliefs au ciseau à chair
Comme elles ombrent d’ombres au milieu de l’hiver.
Sur le parapet, on peut encore suivre les pointillés des mouches
Et voir les oiseaux complètement dingues de lumières frelatées.
Le marin, lui, est parti.
Depuis quelques marées.
Effrayé par le bruit du silence.
Le marin a disparu.
Son ombre est restée là.
On ne sait jamais.