Viens à moi, mon amour, nue et les yeux bandés
J'ai pour toi des coussins où poser ta peau blanche,
Des châteaux, des forêts profondes, et sur ta hanche
Je poserai un lys qu'une aiguille a brodé .
J'écrirai sur tes reins jolis le nom mystique
D'un navire gonflé de morts et que les eaux
Bercent comme un poupon au creux de son berceau.
Tu rouleras du cul sous un lourd ciel gothique.
Emmitouflée de vents, viens ma mie sur le pont
De ce bateau d'azur que les nuages escortent,
Ton corps contre le mien, et que les vents nous portent
Vers une île sacrée ou des champs de cotons.
Rose sur le granit que dévore l'écume,
Le feu de l'horizon s’abîme dans tes yeux.
En se penchant ton front a ce geste gracieux
Qu'ont les vierges vendues et les couchers de lune !
Dresse les prés bleuis, ô dieu des épousailles
Fais les buissons touffus, la brise parfumée
Fais chanter un ruisseau, qu'un oiseau alarmé
La fasse se blottir dans mes bras. Que tressaillent
Les étoiles des cieux, que même les cieux s'ouvrent,
Qu'embouchent leur clairons les anges des missels !
Fais tomber sur la terre et la foudre et le sel,
Mais laisse mon aimée au pied d'un chêne rouvre.
Que soient encloses ainsi de feu et de noirceur
Nos célestes amours que les ténèbres enchantent
Fais nos ombres sous l’œil de la lune méchantes.
Contre ses reins brûlant ma queue bat comme un cœur...
Ton col de cygne aura des ruades superbes
Quand ta bouche fuira ma bite qui le veut
Percer jusqu'à ton cœur et plus loin si dieu veut
Sens-tu le vent du soir qui gémit sur les gerbes ?
Ô tours qu'enlaceront les lierres je vous veux !
Vaste ciel violet qui dans tes yeux s'épanche
Landes brunes, marais, bel azur duveteux
Clairières enchantées où dort la lune blanche !
Henryk.