l'élu

L'élu.

Il toise de sa hauteur,
Ces milliers de fourmis.
Il les regarde songeur,
Ne les a jamais compris.

Ces Femmes et ces Hommes,
Qui s'affairent dans la vie,
Sont pour lui dans une pomme
Tavelée et pourrie.

Il sait le goût du Pouvoir,
Il sait la valeur de l'Argent,
Il est né sans le vouloir
Avec une cuillère d'argent.

Piano et livres sont refermés,
Son initiation est finie,
Il peut briller en Société,
C'est ce que l'on lui a appris.

Il traîne avec un certain mal-être
Depuis quelques mois,
Il préfèrerait être que paraître,
Mais lui a t-on laissé le choix ?

Tout à l'heure il verra son père,
Son rendez-vous quotidien,
Il dévisera sur les Affaires
Et les placements opportuns.

Une migraine le mine
Depuis une heure,
Là, une douleur à la poitrine
Lui transperce le coeur.

Essoufflé, il appelle les pompiers...
Ces fameuses petites gens
Que son éducation a écartées,
Il a besoin d'eux maintenant.

Il ne comprend pas pourquoi
Ils tardent tant à arriver,
Lui qui claque des doigts
Pour être aussitôt exaussé.

Il toisait de sa hauteur,
Ces milliers de fourmis,
Il s'aperçoit dans sa dernière heure,
Que nul n'est Maître dans la Vie.

Cath.