Des oiseaux grimpent contre la conque bleue
Leur vol est de fissures
Leur bec de vase
Ils fêtent le jour autant que la nuit
Amants nouveaux
Nomades d'ouragans
Ils déposent la lumière des feux éteints au creux des futurs soleils
Ma bouche brûlante de sel a croisé leur sillage :
Oiseaux
J'irai puiser mes mots comme l'eau des mirages
Dans l'abîme sans fond , mon rêve sera lent
Et vous, plumes solitaires
Et vous, naufragés de paysages maculés, regarderez les collines aux cheveux d'ange
Vider la mer et vider l'océan
Remonter les rivières, dessècher les étangs
Gouttes de sueur gouttes de sang.
J'ai des lignes plein les mains
Des kyrielles de mots suspendus au bout des doigts
Des rameaux de sonorités éventrées
Qui s'en vont retrouver vos abîmes
J'ai soif
J'ai soif encore
D'eau de miel de vin
D'eau et de lait d'oranger
J'ai soif
J'ai soif encore
Pour noyer les mots
Dénoyauter les phrases
Désaltérer les larmes des vivants
Allez, chemineaux de vie en clair-obscur
Goûtez
Goûtez la pluie le vent
Goûtez aux vies inconnues
Et oublier
Oublier ce que je n'ai jamais su.