Torturamants

Chaque fois que je ploie un genou
que j'aime sans compter
que je m'offre en entier
je crois prier une femme
c'est prier un guerrier.

Je ne veux plus de guerres
passe-temps des coeurs stériles et secs
je veux aimer jusqu'au ciel jusqu'aux racines
du ciel
je veux tout et la mer et le sel
les vents et les orages les grands calmes fétides
les rumeurs
accrocher mes nuages aux couleurs je veux cette saveur
que tu n'offres qu'à moi
qu'on prenne mes désirs les plus noirs
mes faiblesses mes orgueils mes vanités perverses
je veux la noireté la clairière enfermée
ne plus entendre ni voir
être aveugle du dedans
ou garder cet espoir qu'on m'enlace autrement.

Je veux tout
un amour qui résiste aux flammes et aux bûchers
aux tyrans.
Ne connaitre ni candeurs ni fiertés
mais cette douce pâleur qui remonte des yeux
le regard méprisant
la haine des langues mal posées
les valeurs dépassées les mots sans maux éteints
je veux comme on fait des putains
sales et maléprises et prises dans leurs destins
qui frisent leurs malhonnêtetés.

L'ogresse est revenue
l'enveloppe des fesses
sur ma nuque portée étouffante déesse
l'ogresse s'est rameutée
et me voici pantelant et malade la langue sortie du ventre
me voici dans son bal d'inconsciences
comme si j'avais rêvé