J'ai pourri nos divans
de sueurs de salives et de sangs
empaumant l'empleinement des seins
aux couleurs bleues d'argent
j'ai baisé ton étoile et jamais sur ces champs
de draps et de voiles
nos nuits ne furent plus grandes et belles batailles
d'amours en fûtailles
et tournements autour
des voluptés démences qui nous prirent les sens
nous jetant dans l'amertume de la lune
de mer enfanteuse de volcans et brûleuse.
Nous avons sali de nos langues vipéreuses
l'Heureuse qui béatement pulpeuse
fut en croyancements d'espoirs
quand ne pouvant vivre de jour
nous ne volions que nuitamment
dans le velours
et pour rien au monde autrement
d'alcools suintant aux firmaments
jusqu'aux souffles derniers
et de mort et de sang épuisés
aux matins brumeux se levant nous allions de couteaux en poignards
tuer le temps du regard en chantant
sur des grèves désertées
la victoire qui demain serait mieux et mourants.
Te souviens-tu de cet errant
vêtu de haillons puants et nu
traversant les déserts depuis mille ans
était-il moi ou l'île du levant perdue sous le flot d'un tsunami géant.
Nous ne sommes que rien dans ce grand repliement
et tu sembles bien
comme moi sans ce gîte dans l'emplissement des mots
aux filements stupides
nous avons un beau soir
sans savoir ni pourquoi ni comment
disparu
et rien ne valait vraiment qu'avoir été jamais ce que nous fumes.