Ce qui me reste en tête
ce qui plane dans mes âmes
ce sont les cris d'enfants affamés et battus
et ceux de celles tuées sous les coups d'un amant
c'est le terrible tourment de l'homme abandonné
de le bête qui meurt sous les balles des chasseurs
les frayeurs des amours qui flirtent avec la mort
de cette adolescente étranglée par la féroce ardeur
de ce sexe ambulant.
je fait partie de vous
je ne parle qu'au présent.
Les poèmes sont dits pour dénoncer les faits
inventer autrement sortir des larmoyants
sont dits pour enflammer les flots de sentiments
les lumières sont prêtes il faut les allumer
rien ne sert de hurler
si l'être est un désert
cette femme tuée pour aimer un garçon étudiant
cet homme qui par nature se calme aux caresses d'un homme
cette femme qui s'endort
contre le corps d'une femme
cette mère qui s'épuise à donner le lait qui sèche dans ses seins
et les vaches qui crèvent aux déserts
des pays Africains.
Je suis présent de vous et parle dans le futur.
Il n'est pas de soleils ni de couchers de lunes
ni de pleurer d'amour ni de pleurer sur nous
sur nos propres détresses en insultes infamantes
ni colères ni faiblesses qui ne sortent de nous
comme cette hideuse sorcière qui crache ouvrant la bouche
les serpents les venins les crapauds de sa haine
il n'est à regarder, dénoncer aujourd'hui que l'horreur de cette humanité.
Il me reste dans la tête, il me reste dans l'âme toutes ces histoires fortes
tous ces regards de nous dans nos intimités
toutes les voluptés
sans violences et les clartés d'un soir quand au soleil couchant
on se prenait les mains
et s'aller promenant en parlant de la terreur des autres
de la terreur de nous
de nous voir assassins et de ne plus chercher
les combats qu'il faut faire pour mieux nous délivrer.
Il me reste dans le corps
encore
cette force de bouger.