Quand le silence est bleu
épais à couper au couteau comme une brume
quand mon bateau s'enfonce et disparait
comme avalé par les brouillards
tu me fumes à part dans un coin de ce bar
dans le criard des enveloppements de nuages
de fumées d' alcools frelatés
le pianiste de jazz perd ses doigts
sur son piano édenté
la fille se couche écarte ses bouches
pour avaler
et je m'enrôle dans cette armée
de disparates ratés qui se grattent au contact
de nuages désespérés.
Quand la vie s'est arrachée comme elle a pu
du bourbier les pieds enfoncés
défoncée de malsaines beuveries
je retrouve des amis et amies qui filent
leur mauvais coton à côté de l'amour
juste à côté en espérant s'accrocher encore un instant
quand tout est effondré en torrent
le flot des larmes
noie l'âme et la putréfie
l'odeur des vases se multiplie.
Quand d'une étoile implosée
le trou est de feu la flamme de neige
la soie glisse de tes épaules la robe sur le tapis des ciels
glisse de ton corps
et difforme et laide et sale
sorcière
apparaissent les séries de cauchemars et pire
cette nauséabonde sueur.
Qui me dit comment fuir
sans aspirer à mourir
comment fuir autrement
pour essayer de vivre encore un moment.