rapatriement

Si je ne découvre pas comment s'agencent les choses
je resterai planté
dans ce restaurant de misères
devant l'assiette vide et personne à qui parler
j'écouterai seulement le ressac de la mer
autour du monde et peut-être ça et là
le tonnerre d'un canon
qui n'arrangera rien à l'établissement des choses
ou encore dans mon esprit défait
les sons de ta voix silencieuse
les gestes de tes bras tendus imperceptibles retenus
qui n'existent pas ni n'ont jamais existé
sauf dans mon cerveau malade
cette immonde salade
qui se flétrie dans la boue de mes idées
puisque même si je crie
tu ne réponds pas jamais je dis jamais
comme j'ai voulu dire toujours
en te parlant d'amour ce qu'il ne fallait pas.

Je resterai planté la bave aux lèvres
débitant mes fièvres comme des longanimités
qui dans mon obscurité enflamment
les regards qui sortent des yeux et galopent
comme des cloportes sur la graisse de ce plancher
d'un restaurant de misères

Puis sans but abandonné je partirai
dans ma folie en regardant cette poésie de l'enfer
le soleil plus rouge que mes colères
je baverai sur une sorcière
pour l'alimenter de mes vomissures

Si tu ne reviens pas je te dirai jamais
je te dirai toujours en te parlant d'amour
même si c'est dans très longtemps