En traînements

Mes amours chiennes
cessez donc de me mordre
je vous cueille fleuries vous fanez en un jour
mes traîneuses d'insomnies continuez à vous sarabander
galérienes sans bateaux offenseuses de passions
viendrez-vous de vos charmes enclaver dans mes ports
des mensonges de mort qui chassent leurs moissons
comme des fourmis volantes aux passages
sans cris

Je me plonge assourdi dans le vacarme des ombres
nous naviguons sur l'onde
avec des géants morts dont les corps squelettiques
empoisonnent les eaux

Il me semble que la vie
se consume dans les nuits
le couloir de lumières noir de sang séché
se meut dans mes passés
me vibre de silences me tue
tu
et moi l'autre aussi
celle qui ne dit pas ni son nom ni le lieu où elle vit
celle qui n'écrit pas
ou celle qui parle du vent d'un jardin
d'une fille
mais que je ne vois pas
mais que j'aime pourtant comme celle visible que jamais je ne touche
ni n'entends quand elle parle si bas
qu'un murmure du vent vient caresser ma bouche

Mes puanteuses sorcières mariées aux innocences
venez me dire encore à l'abri de mes sens
les craquements soudain des murs de ma maison
personne
toi
toujours encore hautaine
ne saura comment luit
une clarté de lune sur une brillance de mer

Alors comme tous les autres me voici solitaire
condamnés
combattant sur du vide
tu
et toi ne reviennent dans mes veines
d'une soirée de pluie
et mes larmes et mes cris
ne sont que suspendus au gibet des oublis.