Nous n'avions pas fini de nous parler d'amour
nous n'avions pas usé nos bouches de baisers
ni terminé nos gestes
nous n'avions pas fini de nous parler toujours
ni d'arracher nos chairs au sang brûlant
des désirs assouvis
ni de nous mélanger à l'air aux nuages à la mer
nous fondre dans les soupirs
envahir nos nuits de sueurs immortelles
nous n'avions pas fini de nous retrouver tels
des chevaux emballés
couverts de leurs haleines et leurs crinières folles
nous n'étions plus jamais
des adultes désireux mais restés des enfants
fougueux dans leurs passions
nos souffles s'épuisaient
Nous n'avions pas fini
de regarder l'hiver les chutes sombre des pluies
en croyant au soleil
enflammés de désirs
comme nous disions les mots que l'on ne dit jamais
mêlés dans nos jeux fiers
toujours recommencés
tes dents mordant mon cou
Nous n'avions pas fini
comme condamnés à mort et vivants en clameurs
ces nuits survivent en nous
toi ailleurs moi ici
ces rencontres face aux hommes comme pour les provoquer
quand l'été
nous nagions dans les vagues et parfois
envolés
nous prenions les nuages pour des avions brillants
et partions en voyage
Je me suis endormi à l'ombre d'une étoile avant de me coucher à la douceur d'un lit
Laisse encore sur ma bouche ton souffle souriant
qui avive mes douleurs
j'ai gardé sur mon cou la marque de tes doigts
juste avant d'expirer
rouge dans mon drapeau sur sa hampe dressé
Je me suis endormi au seuil d'un temps de deuil avant de me coucher à la chaleur d'un corps