Ne me touchez pas de vos gestes impudiques
Ni de vos regards ni de votre langue
Sale tirée des profondeurs volcaniques
Ne touchez qu’une image de moi
Insolite insolente et lente
Comme une bruine d’été soyez mouillées
D’angoisses et de renoncements
Ainsi que je puisse enfin
Vivre tel que je me sens je me vois
Transparent sans consistance bluffé d’audaces et de consternations.
Ne me touchez pas avec vos mains immenses
Et vos compassions de femmes avec vos sangs
Qui se déversent sur moi engloutissant mes âmes
Ne me touchez qu’avec vos mots que je n’entendrai pas
Avec ces mots cafards qui me rendent pareil
Au hideux voyageur voyeur de passage dans l’immersion totale
De mes insuffisances
Ainsi vous m’avez construit maintenant
Ainsi
Dans ces désespérances qui frôlent mes folies
En transes
J’habite une autre paroi de ciel
Une autre dévolonté qui me hante aussi longtemps que me hantent
Vos images en nuages
Que je fais et défais selon mes insomnies
Et mes déconnaissances
Ne me touchez pas sinon je vais tomber
Comme ces statues de sels qui fondent par leurs pieds
Se débattent dans les tourments
Marquent les discursivements de leurs paroles
Se tordent dans les feux mangent l’air assoiffées
Et perdent sans un cri leurs stabilités
Ne me touchez pas mais crachez-moi
Au visage sur le corps
Videz vos citernes de remords
Sur cette peau arrachée
Que vous avez tendue entre le ciel et vous
Pour nous cacher.