Je pars dans le matin au premier train qui passe
je pars seul sur mes rails avec des inconnus
je pars aussi le soir quand les corbeaux croassent
promener mon angoisse où tu n'es pas venue
Je pars sur le soleil qui traverse mon coeur
je pars sur la fusée qui perce l'horizon
je pars dans le brouillard qui nourrit ma rancoeur
je pars capter l'azur au cycle des saisons
Je pars dans la rosée goutte à goutte sur l'herbe
Je pars sur le ruisseau je pars au fil de l'eau
je pars sur le trottoir boulevard Malesherbes
je pars tuer le temps le long d'un jour pâlot
Je pars sur le torrent qui bouillonne en ma tête
je pars sur un fracas de machine infernale
je pars sur des éclats d'allégresse à la fête
je pars sur un déclic d'un réflexe animal
Je pars le souffle court je par le coeur battant
je pars et tu es là je pare à l'essentiel
je pars jusqu'à en perdre la notion du temps
je pars entre tes bras jusqu'au septième ciel
Je pars de tous mes sens dans l'mmédiateté
je pars dans le passé je pars dans le futur
malgré tout des départs Dieu sait j'en ai raté
on ne peut pas non plus trop forcer sa nature
Je pars organisé je pars à l'improviste
je pars sur un principe ou sur une impulsion
je pars pour voir ailleurs si le bonheur existe
je pars et je reviens plein de désillusions
Je pars heureusement dans des endroits superbes
là où l'air pestilent vite s'évanouit
je traverse des champs plein de grappes de gerbes
et mon âme et mon corps en sont épanouis
Je pars avec le vent je pars à l'aveuglette
sur mes pieds déjantés je pars et je chancelle
je pars sur mes cheveaux ou sur mes bicyclettes
je pars en espérant longtemps tenir en selle...