Pour suspendre mon hamac
entre deux troncs d’étoiles,
il me faut un baiser,
nacarat chandelle de lèvres,
deux plumes,
l’une de l’anabate,
et l’autre du pigeon,
la moue amie de ton cœur complice,
de la pluie
filant la soie solaire,
le beurre, l’acoupa, la carambole,
la houle fleurant la sinople feuillée,
trois notes de tambour,
un chant de guitare,
un rire d’enfant,
et ta main dans la mienne.
Ce que je n’ai pas,
ce que je n’ai plus ?
Oui…et je le soupire,
la nuque si lourde…
J’ai questionné,
avec humilité,
le prêtre, le sorcier, le médecin,
le dialecticien, le poète,
Zadig, l’Ingénu et Zarathoustra,
mais ils n’avaient que des chaussettes
déjà pliées
dans leurs tiroirs :
ils sont simples gérants de boutiques.
Beaucoup, beaucoup de comment
et pas une fiole de pourquoi.
Rien pour me guérir,
me rassurer,
afin que je me pense,
m’épaule et m’apaise…
Soit, je ne m’endormirais jamais,
serein et nu,
en la contrée du ciel,
et je n’aurais pas d’ailes,
d’élytres,
de vent chaud
me soulevant les reins,
ainsi soit-il,
et que l’on m’oublie,
me laisse mourir en paix,
peut-être plein de tristesses,
englouti par la bouche du fleuve
et le ventre du caïman.
Cependant,
avant l’incendie de l’eau,
je demande :
Belle à la claire rivière,
la terre, propre et libre,
rendue à l’enfant,
le dialogue avec l’oiseau,
le fruit, la fleur,
le loup gris et le poisson,
et pour tous,
qu’être soit n’être que soi,
entendu et respecté
dans des cercles brisés,
et pour chaque sœur et frère,
leurs fils et leurs filles,
l’équité du repas.