Comment vais-je sortir de ma nuit
Ce matin
Sous la grisaille de l’âme
Au fond des yeux du ciel
Ailleurs la chaleur des bombes qui détruisent
Comment va-t-elle se réveiller ce matin la petite fille en vert
Debout au milieu de sa famille morte
Le soleil rouge qui monte sur l’horizon
Ressemble au sang sur sa robe
Comment debout tétanisée la bouche couverte
De cris de baves de pleurs
Les yeux noyés des frayeurs
De douleurs peut-elle encore espérer
Comment puis-je encore penser à moi
Le poète doit aller en prison
Hurler sans lois sans fers
Debout dans les tempêtes
Le Poète…
Mon chat ne dort pas il crache sa colère sort ses griffes
Mes vers se libèrent des carcans
Pour crier leurs mots simples
Que je cherche forts et qui ne le sont pas
Elle dit je suis tombée
Ma mère loin là-bas
Tous sont tombés
Elle dit maintenant je vais grandir seule
Sans père ni mère, ni oncle ni tata
Ni sœurs ni frères
Morts tous dans cet attentat
Le monde ne nous écoute pas
Comment vais-je vivre ma journée
Ne rien lire
Mais rester ouvert ne pas abandonner
La recherche rien ne vient de moi
Je suis capteur des évènements
Je ne suis pas Poète
Les femmes pleurent les morts
Les hommes crient vengeance
Mes blessures ne guérissent pas
Je suis avec toi dans l’univers fillette en vert
Le photographe Afghand
Dans son silence amer
Reçoit le prix Politzer*
* Pour Massoud Hussaini Photographe Afghand