La liste est encore longue
Tant d’êtres désespérés leurs âmes envolées
Assassinées les corps encalcinés des femmes des enfants
Tant d’humains avec tant de couleurs
Les cendres qui s’envolent les esprits qui s’échappent
Avant d’être enterrés
Ils continuent à m’habiter
Le tyran se repose
Tant d’êtres suppliciés harcèlent ma mémoire et jamais oubliés
Je vois les longs cercueils
Enveloppés de draps
Empilés les uns au-dessus des autres
Ecoute la mer pleurer
Cette nuit encore longuement promenée
Sur le sommet des arbres
Avec pour seul bagage l’absolue résistance
Le tyran fait donner ses armes de combats
Comment garder le silence des colères
L’assassin se sustente
Au bord de sa piscine
L’air comme du plastique encrasse mes poumons
Qui porte les odeurs des fumées
D’une ville labourée
L’horizon qui me colle à la peau
De ma honte de vivre
En regardant mourir pour une liberté
Des hommes démunis d’armes
Qu’on laisse dans la terre sous les drapeaux sanglants
Buveurs de leurs combats
Et puis
Et puis moi la mort
J’emporte sans le vouloir les derniers souffles d’enfants
Dont les rires et les jeux sont à jamais perdus
Moi le narrateur
Je me fais une route de tout ça
Une route d’histoire
Imperturbable impassible impuissant
Insolent de mensonges
En-dessous défait déconcerté déboussolé
Qui me dira quoi faire
L’assassin se promène
Dans les hontes du monde