Je me sense et entrouvre le parfum
Sur le bord du pistil
Le nez enfoui sur les rives de son île
J’avance le pied malade et le bonheur enfin d’être faible
Jusqu’au bout de la fin
Ma faim demeure intense
Je me balance par-dessus bord
Les voile hissées aux murmures des chants
Les mâts comme des élans lancés
Au-delà d’ici et là
Je transhumance mes éclats
La bouche au bord de la fontaine
Enfin je bois
Comme le chien lape goûlument la nappe
Et soudain se sauve
Dans l’aboiement d’un autre
Ici on me la vole
Je me sustence aux palabres sans vies
Qui me parlent d'elle et de qui
J’entrelace mes lacs aux fortunes éclatantes
Et me plante debout droit érecté
Jusqu’aux ciels comme une lance
Jetée du ventre sortie blanche
Cette sève qui coule sur ses hanches tenues par mes mains
Accrochée comme un désespéré
Pour tenter vainement d’en recevoir l’enfance
Et de téter le sein
On me vole l’assassin
Au train ou la décence m’encense
Je ne crois que par des mots et par les sens
Simplement les yeux fermés le nez posé sur les bords de ses gouffres
Le parfum les couleurs les humidités chaleurs
Me plongent entre les flèches de sa cathédrale dressées
Je ne regarde plus
Je me pousse le nez arraché de mon visage ange ou archange
Sans doute n’ai-je pas besoin de sexes
Pour oublier mes différences
Enfin devenir femme avoir la puissance
Me vautrer dans le silence et de temps en temps soupirer
Pour en savoir la transe
On me vole mais qu’importe
L’assassin devenu mes outrances
Je m’envole