Sexe de fleur
J’ai rencontré dans mon jardin
Une fleur portant une jupe
Sans pudeur – voyez ma stupeur
Il faut que je me préoccupe
D’exorciser ce vil lutin
Image éclose d’un pavot
Aux pétales blancs et orange,
Un flash spontané qui dérange
La pensée pieuse d’un dévot :
Un beau calice aux bords ourlés
Au fond duquel trône, ostensible
Le noir gynécée accessible
A tous nos rêves refoulés.
Non, je n’ai pas fumé l’opium,
Ce devait être ma conscience
Infestée par les pestilences
Qui exsudait tout son sébum.
Car, comme l’a dit un chanteur
Les filles jouent un jeu de dupe
Et les tricheuses, sous leur jupe
Mettent une culotte à fleurs.
Mais revenons à notre fleur :
Une corolle vraiment belle
Et des pétales de dentelle
Qui magni fi aient sa splendeur.
Et fi de ce vil sexe noir
Il est ainsi pour qu’y butine
Le bourdon, l’abeille mutine,
Pour nous, il n’y a rien à voir.
La fleur attire le regard
Par la beauté de sa corolle,
Son gynécée y joue un rôle
Dédié à d’autres égards
Ceux là même que nous portons
Quand nous sommes pris sous le charme
Des yeux, d’un visage de femme
Nous enlaçons, nous embrassons.
La fleur est pensée à l’envers
Des charmes du corps de la femme,
Qui mal y pense est un infâme.
Alors, pour palier ce travers
J’ai cueilli la fleur tentatrice
Lui ai retourné le calice
Dressé sa tête noire en l’air
Piqué sa tige en ma pelouse.
Maintenant, sur ce carré vert
Je vois danser une andalouse.