C’est l’autre qui m’a donné la mémoire
Celui qui fornique au fond de moi
Suce la substantielle moelle
De l’os frénétique
Et qui joue de son cor des musiques africaines
J’en pleure encore
D’avoir perdu ces voyages étrangers
Comme une lune qui ne se lève plus
C’est du désordre que naissent les pluies
Fertilisantes
Qui me font nager dans le noir
Cette eau boueuse des crues qu’on croit désolantes
Mais qui fertilisent mes sols
C’est une obole offerte au mendiant
Qui bouge dans les fonds de mes âmes
Ces ânesses de proies de folies et de morts
Me sonnent aux oreilles comme les ressacs mondains
Je navigue sans toi de proches en lointains
C’est là ma perdition
C’est l’autre qui m’enjoint d’exposer le squelette aux lueurs du soleil
Avant qu’il se blanchisse
Seras-tu ma dernière comme je le veux
Souffleuse d’inventions souffreteuse malléable
Je te dirai encore et malgré tout
Des mots d’amours
Jusqu’à l’expiration
C’est l’autre moi qui devient par je ne sais quel effroi
Disloqué façon puzzle
J’aime tes mains qui me rassemblent pour un autre horizon