J'ai parcouru longtemps des routes impossibles
portant pour tout bagage une foi indicible
j'allais parmi les hommes, les femmes et les dieux
le regard impassible planté au fond des yeux.
je proutais dans la soie urinais sur les toits
entraînant aux sillages de bateaux éperdus
des amants de passage des filles sans vertus
j'étais un négrier gonflé de suffisances
ne sachant pas écrire, ne pensant qu'aux jouissances
qui me brûlaient les flancs
renversant dans des fentes mes désirs salissants.
Je vomissais l'allure jusqu'aux îles lointaines
me gavais de silences en buvant aux fontaines
des putains asséchées dans les caves des ports
comme on roule dans la fange nos grognements de porcs.
Oh ! Vous mes acolytes qui pensez en écrivant des vers
regardez dans vos tripes les noiretés d'hiver
chaussez vos gants troués avec vos gnanteries
et soyez pour toujours comme moi indécis
ni sûrs de vos talents pas plus de vos errances
ne parlez pas au monde en vivant à genoux
le regard seul tourné à l'encontre de vous.
Je préfère me tuer en me tenant debout
fusillé par les fous qui flattent mes ignorances.