Moi... Poilu Vendéen 2ème extrait

Les pieds à l’air dans mes sabots de moisson,
Hier, je ne savais pas encore ce que c’était la marne.
Je connaissais le champagne, la royale boisson
Mais pas la pierre blanche et poreuse qui, pour écrire, se réincarne.

Sur les murs ruinés par les obus,
J’ai dessiné nos paysages avec ces blanches pierres.
J’ai dessiné la joie, les enfants et pas un barbu.
J’ai dessiné un océan de vie, l’effet mer.
A ma première permission, je suis rentré une semaine,
Les mains ridées de froid et le corps fatigué.
J’ai lu dans vos yeux la peur et la peine.
A ma seconde perm., je ne suis pas rentré.

Allongé dans la tranchée encore boueuse
D’un après-midi ordinaire de combat et de pluie,
Je profite de cette accalmie en Meuse
Pour regarder dans le ciel ma jeunesse qui s’enfuit.

J’avais planté un pin à la fin du printemps,
Comme le veut la coutume, à l’entrée de la ferme,
Pour annoncer au monde notre premier enfant.
Je suis mort avant l’heure mais Louis est né à terme.

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