Combien de réveils et de rendormissements
Pour la regarder
Debout au pied du lit
Immobile en attendant d’être sûre
Que cette fois il n’y aura pas un sursaut de sommeil
Et qu’elle pourra bondir
Serrer ses mains sur ma gorge
Etouffements et sueurs
Elle ne bougera plus
Mon angoisse
Jusqu’au moment usant du peu de mes forces
Je la repousserai
En te disant
Et toi comment as-tu dormi
Combien de fois réveillée
Lisant pendant une heure un roman
Non pas cette nuit
Qu’est-ce que tu as
Tu es blanc tu n’as pas dormi
Quoi répondre
Combien de pas hésitants
En attendant que le jour d’hiver
Puisse enfin à force de courage chasser la nuit
Ou que la nuit d’été
A force de résistance finisse par céder
Me plongeant dans l’affreux néant en sortant
Les ogres et les démons gelés tous parterre en petits tas
Comme des crottes de biches
Ou disant tout bas
Dés que tu dormiras on reviendra te dévorer de l’intérieur
Et retourner ton corps
Comme une peau de lapin en vomissements
Par je ne sais quelle désespérance
Le corps endolori qui ne me parle plus
L’érection disparue
Et toi dit-elle en buvant son café
Comment fais-tu ce matin au boulot
Je ne fais rien
J’entends la mer qui se moque de tout
Nuit et jour peu importe
Toujours le même mouvement qui m’assure que je suis encore en vie
Si je l’entends
Puis dans cet abêtissement
Ce corps qu’il faut laver après l’avoir remit à l’endroit
Enfin s’éloigner vers la ville
Ne plus entendre le ressac de la mer
Alors être mort jusqu’au retour du soir