Ton amour est un melon d’eau,
de chair tissée
aux popelines des vanilles,
en la chanson du lait,
bruissant de diaphanéités fluviales
en leur lagon de beurre clair,
leur cosse panée par l’aile du serin,
les trilles fameuses de la picolette.
Lointain, lointain, ma belle,
pareille à une étoile insoumise
aux lois des saisons,
à l’arithmétique de la marée,
du sable,
une grandiose comète qui ronde,
et farandole,
franchissant le val et la mer,
ensemençant de son orge d’améthystes
la terre des vents,
ton amour, fruit de ta flore en furie,
roule, boucane et s’enfuit,
la peur d’être battu ? L’effroi d’être cloué ?
Tant de trames…je n’ai su le rassurer ;
et en son galop,
chaque vague épelle sa sève,
son orbe,
leurs avalanches vermillonnes,
fécondes comme la mangrove
offrant la noce
à l’ouvert concile de ses secrets,
et il n’est pas à cueillir,
nacrés des rosées de l’étourneau,
des feux du cotinga,
il est une bouche d’opales et de coprahs
avalant les continents.
Jamais je ne t’ai tenu,
ou retenu, ma prima donna de métal précieux
au sang de pur minéral,
je te voulais, et te veux,
fleur lumineuse allant à éclore
d’une ampleur toujours plus sidérale,
telle une hellébore à la gynécée marine,
une orchidée sylvestre
au calice enluminé de tous feux,
et ton amour, melon d’eau, libre oisellerie,
il m’a fallu le laisser partir,
pour des rivages qui m’ignorent,
un jardinier plus habile,
l’altération d’une aube autre ;
et si j’en peine, parfois si fort,
flambant d’un écho qui me sacre étranger,
je souris, émerveillé,
jetant quelques bûches en l’âtre des miels,
d’en contempler les flammes révélant l’almandin
le grenat en tessons d’éclatantes cerises,
les sirènes de l’ixora en bal,
l’orpiment du sel
en mue d’hippocampes idéaux et célestes.