Je ne connais pas le prénom
des gouttes de pluie,
ni comment se nomment entre elles
les mangues ou les patates douces.
Ignorant, sot, et cancre que je suis…
Combien de modèles
chez le chapelier de la fourmi manioc ?
Et sur combien de lieues est ample
la garde-robe du tangara ou du moineau ?
Ignorant, sot, et cancre que je suis…
La sauterelle est-elle habile avec une balle ?
Comment parler, avec la juste latitude,
du prodige de la vague qui s’étourdit à ton pied ?
Les cerisiers qui fleurissent en ta chanson ?
Ignorant, sot, et cancre que je suis…
Je ne sais dénombrer les rires et les pleurs
qui flottent, jonques éperdues, par les étangs du vent,
dire si les étoiles moquent ou plaignent
toutes nos peines à ciel ouvert.
Ignorant, sot, et cancre que je suis…
La mer écrit-elle ses mémoires ?
Le gingembre est-il amoureux de la menthe ?
Qui anoblit l’autre de la terre ou du cheval ?
Vivra-t-il, un peu, ce poème ?
Ignorant, sot, et cancre que je suis…
Est-ce en paix que je m’en irais mourir ?
Ou cerné de toutes ces mélancolies
qui pérorent en toquant à mes portes ?
Y aura-t-il un feu dessus la suie, la cendre ?
Ignorant, sot, et cancre que je suis…
Ignorant, sot, et cancre que je suis…