I. Pourquoi faut-il que j’entende toujours cette voix ?
A quelques moments. Sans que je le sache.
Elle vient d’un fait et ce que cache
Un détail. D’un inconnu. Elle n’encombre pas.
Et n’a plus les variations du temps,
Elle est d’une maison où la lumière bat,
Qui offre ses fenêtres au pu et au lu.
Ses portes sont scellées. Elle vit sereinement
Et viendrait d’une femme qui appelle,
D’une réponse perdue ou d’un dialogue
Eteint, amorti. De voix qui tiennent,
D’une musique tantôt crécelle et bientôt lied.
D’un autre asile, d’une autre pièce
Mieux éclairée, le soleil y joue des arêtes,
Des lames disjointes qui craquent
Parfois comme la voix.
Elle vit dans une chambre d’indécision,
Une pièce à traverser et ne se cherche pas,
Est empêtrée de gêne et d’autrefois,
Elle s’enquiert pour trouver un mot.
En somme, elle a tout des syllabes
Errantes, cadrées, qui d’air se suspend.
Elle sort de cet abri
Et dit que l’âme est une sentine.
La vie traîne et l’épargne.
Alors, pourquoi faut-il qu’elle en garda ces accents,
Cette ombre barbouillée,
Cette modestie colorée ?
Comme elle est un pieu inutile
Au centre d’une pièce d’eau,
Elle est aussi son phare
Au-dessus des darses.
Comme elle sait le mutisme
Qui dépanne les plaies,
Elle est comme quelqu’un
Qui ne laisse rien. Elle quitte.
C’est encore un soir d’été,
Le jour est moins large,
La nuit clôt le périmètre,
Elle parle sans papier.
O dire les vieux jours,
L’échafaud du passé
Et le chagrin carré
Tous ces soirs d’été
Qui prennent ses colonnes
De fraîcheur aux crocs de mai
Qu’elle joint subtilement
De ce qu’on ne veut oublier.
II. La brune est à peine et de négatifs,
Certains bruits s’imitent. D’autres se hachent.
Certains se crantent aux aspects de l’instant.
D’autres se pâment, ils reviendront
Comme la voix ronde et juste
De nos évocations. Elle se tait.
Nous regardons le soir graver
Le simili, le doute et l’existant,
Ouvrir aussi les rêves rouges,
La vie même. Car nous vivions
Dans la nuit creusée et elle,
La voix, de s’atténuer
En chuchotant quelques mots,
En feintant quelques sons,
En disant simplement
Que les derniers sont des veilleurs.
III. La fraîcheur pressée se tenait
Et de donner son parfum
Assemblé d’arbres cuits,
De fleurs frêles, de fruits, de terre.
Si peu de vent suffisait,
Il puisait finement
Et galamment.
La voix fut prise.
C’est l’aube en fracas clairs,
En bruits sans surprise,
Je cherche la fin à ce que je veux dire
Sans vraiment vouloir que cela finisse.
Est-ce mes mots ? Est-ce les siens ?
Après, dans un sourire, il y a tout,
Il raconte le renoncement,
J’y préfère la mélancolie.
Aux moments poreux du jour,
Les vibrations distinctes amplifiaient.
On voyait que s’enfuyait
Toute la nuit privée de ses bruits.