JE SUIS LE SANS-PAPIER
Je suis un moins que rien, pas même une existence.
Ignoré dans un monde où la force fait loi,
Nul ne me reconnaît, je n’ai pas de substance.
Aux vertus des humains je n’ai aucun aloi.
Oui, je suis l’étranger perdu dedans la masse !
J’ai quitté mon Pays qui ne peut me nourrir
Pour espérer ailleurs sans faire la grimace,
Quelques bouchées de pain m’évitant de mourir.
Je vous ai dit plus haut, je suis en transparence…
Aucun homme n’accorde son regard sur moi.
Ou alors il s’agit de son indifférence,
Qu’il affiche blessante et me met en émoi.
Mais quel est donc ton nom ? On s’en fout, on s’en moque,
- Profère juste un mot, pour noircir le papier,
Me dit-on méprisant, sans craindre l’équivoque,
Bien moins considéré que le dernier troupier.
Ne comprenez-vous pas mon angoisse terrible !
Je ne suis rien pour eux, pas même un numéro…
Privé d’identité je fais la part horrible
Au néant effrayant, encore moins qu’un zéro.
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Je suis le sans-papier qui gêne et importune,
Que l’on voudrait savoir à cent milles de soi.
Que j’ai un avantage ou mauvaise fortune,
Je n’attire intérêt, sur mon sort on s’assoit.
Tout le jour si je vais, vaquant dedans la ville,
Désœuvré, au hasard où me guident mes pas,
Vous qui ne savez pas si je suis sain ou vil,
Inclinez à me mettre en le sein des malfrats.
Quand la nuit fait l’approche je suis dans l’angoisse.
Vous qui rentrez chez vous en poussant le verrou,
N’avez aucun souci quand je suis dans la poisse,
Condamné sans confort à dormir dans un trou !
Je n’ai qu’un seul atout c’est d’être en ma jeunesse.
Je patiente en mon sort, m’en donne les moyens.
L’espoir demeure ardent, je l’entretien sans cesse,
Pour être un jour debout, reconnu citoyen.
Albert Blanchard 29 Novembre 2011
Pour une démarche de Paix,
En l’attente de NOËL.
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